lundi 26 juillet 2010

Réponse à un autoritaire



Liberté et bonheur sont-ils conciliables ? L'homme peut-il vivre heureux en étant libre ? Une première remarque s'impose. Si nous ouvrons ce débat, c'est que nous admettons la liberté humaine ou du moins, une illusion de liberté. En effet, il ne s'agit pas ici de savoir si l'homme est métaphysiquement libre. La controverse ne saurait porter sur la liberté métaphysique mais sur la liberté politique ( ces deux questions ne sont certes pas détachées mais elles méritent des traitements séparés ).

La liberté politique peut être envisagé dans une approche classique comme étant la marge de liberté accordée par la polis à l'individu. Le problème est de savoir si les hommes politiquement libres seraient heureux dans la société ainsi faite. De cette définition, deux conceptions s'opposent : une position « libérale » fondée sur un optimiste anthropologique considère que les Hommes libres créeraient une société harmonieuse et une position « autoritaire » qui étant fondée sur un pessimiste anthropologique soutient que les Hommes ne sauraient vivre ensemble sans une autorité pour lui montrer le chemin. Deux nouvelles remarques sont ici nécessaires : d'abord liberté politique et économique ne sont pas forcément liées ( la Chine le démontre très bien à l'heure actuelle ); ensuite, admettre l'une ou l'autre de ces positions ne résout pas le problème puisqu'il existe à l'intérieur de ces conceptions des dissensions quant aux modalités d'exécution de la société envisagée ( par exemple, dans la visée autoritaire, d'où vient l'autorité ? Quelle est sa légitimité ? )


A mes yeux, ces deux conceptions sont dans le faux. Ou pour être exacte, elles ne se posent pas une question primordiale et y répondent deux façon instinctives. Ces deux positions partent du principe que l'Homme est un animal politique et qu'il ne peut trouver son bonheur que dans la société. Partant de ce postulat, elles cherchent logiquement la meilleure organisation de la société et finalement, ne s'opposent que sur des détails. Il existe donc une suma divisio entre une pensée de l'Homme politique et une pensée de l'Homme a-politique. L'opposition libéral/autoritaire n'est donc qu'une infime variation de la pensée politique.


Cher lecteur, tu auras, je pense compris, que je crois au contraire que l'homme n'est pas par nature un animal politique. Il existe une part importante, voire majoritaire de la population qui ne se soucie pas de la vie politique. Il ne s'y intéresse soit parce qu'il se contente de vivre dans l'instant sans se soucier des autres, soit parce qu'ils ont choisi de vivre hors du monde, soit parce qu'ils sont trop inertes et que cette inertie les empêche de se confronter aux autres ( ces individus sont ceux qui traverseront la vie en ayant les mêmes opinions que leurs parents ou à défauts, celle de leurs groupes sociologiques. Bref, ceux sont des moutons et en tant que tels, ils ne sont pas politisés). Que vous installiez un régime autoritaire ou libérale, cela ne changera rien. C'est eux qui ont formé la majorité de la population française n'ayant ni collaboré ni résisté. C'est eux qui a chaque élections votent pour le candidat de droite ou de gauche parce qu'ils ont toujours voté ainsi. Ils sont la force d'inertie de la société et en tant que tels profondément conservateurs. Leur mœurs ne sont influencées par la loi que pour les petites choses. Les mœurs politiques d'un peuple connaissent au contraire une évolution si lente et si inexorable que l'Etat n'y peut rien. Il ne peut qu'accélérer ou ralentir l'évolution.


Ces individus a-politiques ne sont pas touchés par notre débat libéral/autoritaire car que vous infléchissiez ou relâchiez les lois, cela ne changera pas leur comportement. Et puisqu'ils représentent la majorité de la population une évidence nous touche de fait : le débat sur la liberté politique est une illusion. En effet, il ne concerne qu'une minorité de la population et cette minorité pense. En pensant, elle sait qu'elle peut se conforter aux lois, ou les influer ou les oublier. Bref, elle est au-dessus des lois dans la mesure où elle choisit son rapport avec elle. Ce n'est pas la société qui lui impose le respect des lois mais le choix de ses membres.


Le débat entre libéraux et autoritaire n'a pas de sens. En effet, l'État n'a un rôle que pour les petites choses ( limités la vitesse sur les routes, lever les impôts,.. ). Toutes choses essentielles pour la vie quotidienne mais sans importance sur le long terme. Les décisions fondamentales sont prises par le peuple, masse dont l'inertie fait qu'elle évolue lentement et inexorablement malgré les efforts de l'État. L'esprit d'un peuple vue par Montesquieu n'est pas une aberration : il y a une tendance de fonds dans un peuple que l'État ne saurait contenir, il peut au maximum en retarder l'évolution.


Liberté politique et bonheur sont donc deux choses déconnectés. L'homme peut être heureux dans un régime autoritaire ou libéral car de toute façon, il s'en moque, il est bien trop individualiste.

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